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La soulane

D 16 mars 2007     A    


Alors qu’aujourd’hui, on pourrait déclencher la moquerie des gens pour conserver un bout de montagne perdu dans les Pyrénées, le problème de la Soulane d’Andorre avait une importance vitale pour la pérennité de nos deux communes ariégeoises. Pendant des siècles, la Soulane a fait l’objet de conflits parfois violents avec les paroisses andorranes de Canillo et d’Encamp.

La légende de la cavale blanche et de la Soulane d’Andorre :

En 1631, une grande épidémie de peste toucha la haute vallée de l’Ariège et le village de Mérens. Il ne resta qu’un seul survivant, celui-ci devenant de fait le maître des lieux. Cherchant à fuir, il vendit la Soulane aux andorrans en échange d’un cheval blanc.
Cette légende se raconte encore aujourd’hui dans le village, transmise oralement par les anciens. Sa vivacité est bien la preuve d’un profond traumatisme.
Finalement, cette histoire est à double tranchant. Elle matérialise la trahison du dernier mérengois « donnant » la soulane et pire que tout contre un cheval blanc !
« L ‘histoire de la cavale blanche, destinée dans l’esprit de ses inventeurs (au 18ème ou 19ème siècle) à prouver la félonie d’un donateur abusif, nous confirme l’ancienneté chez les ariégeois d’un parti pris sur lequel ils ont rarement transigé, à savoir leur attachement à la robe noire de leurs chevaux ».

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La frontière entre le Comté de Foix et la principauté d’Andorre :

Les premiers documents datent de 843, quand Louis Le Débonnaire céda à l’un de ses officiers des droits sur l’Andorre, parallèlement il accordait à l’évêque de la Seu d’Urgel des dîmes sur ce territoire.
Il faudra attendre la ratification par le Pape en 1282 du fameux accord de paréage plaçant les vallées d’Andorre sous la co-suzeraineté de l’Evêque d’Urgell et du Comte de Foix pour arriver à la paix. Ces vallées furent l’objet de la convoitise des Comtes et Evêques d’Urgell, des Comtes de Cerdagne et de Foix, ces derniers étant rentrés en jeu grâce à l’appel à l’aide des Evêques d’Urgell contre la promesse de fief en Andorre. Les passations de pouvoir en France entre le Comte de Foix, le Roi et la République ne perturbèrent pas cet ordre établi jusqu’en 1993, quand Andorre devint totalement souveraine sur son territoire.
La question de la frontière entre la Principauté et le Comté de Foix est problématique depuis le début. Un premier document évoquant des limites et datant de 1007 ne permettait pas de les délimiter de façon précise. Ce n’est qu’en 1272 qu’un procès verbal délimita concrètement la frontière.
Il fut confirmé en 1301 et 1304, consécutivement à un incident entre le Comte de Foix et de Cerdagne. A cette époque, la Soulane faisait bien partie du Comté de Foix, comme tout le bassin supérieur de la rivière Ariège.
Par la suite, « c’est donc en tout honnêteté que le Comte de Foix a pu donner la seigneurie de tout ou partie de la Soulane aux Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem » (M.DAVID)

Les hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem :
La fondation de l’Hospitalet repose aussi sur une histoire légendaire. Au début du 11ème siècle, Mérens appartenait aux Comtes de Cerdagne.
En l’an 1003, Bertrand d’Enveigt quitta Mérens pour revenir en Cerdagne par le Col du Puymorens.
Celui-ci se fit surprendre par une tourmente de neige et du s’arrêter au pied du col, à l’emplacement du village de l’Hospitalet. Pour ne succomber au froid, il éventra sa monture et s’y réfugia. Il fît le vœu s’il s’en sortait, de construire un hospice au même endroit (M. VIDAL SAINT ANDRE). Voilà pour ce qui est du mythe fondateur hospitalois.
Dans le conflit entre Mérens et les andorrans, la commanderie de Capoulet des Hospitaliers a joué un rôle fondamental. Fondée vers le 12ème siècle sur le site de l’actuel village de l’Hospitalet, elle est mentionnée jusqu’ au 18ème.
Les hospitaliers possédaient la Soulane et ils la louaient aux éleveurs de Canillo et d’Encamp.

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On peut penser qu’entre le 12ème et 18ème siècle, les mérengois se soient servis de ces estives malgré les accords entre les andorrans et les hospitaliers (on ne dispose pas de sources).
Au 18ème siècle, la décadence du grand prieuré de Toulouse qui se désintéresse des possessions pyrénéennes alors les seigneurs catalans sont très actifs, va être le point de départ de plusieurs siècles de conflit. Jusqu’à présent, une certaine cohabitation existait. Elle devait tout de même être troublée par des batailles rangées entre les bergers… L’abandon progressif des hospitaliers et l’assiduité des andorrans à mener le bétail sur la Soulane sans payer de location va entraîner une nouvelle période de conflit. La Soulane d’Andorre va changer de propriétaire.

C’est avec la grande peste de Marseille qui se propagea dans tout le Midi en 1721 que les événements se précipitent. Dès ce moment, les documents font état de violences sur le terrain et d’action en justice. Pour limiter la circulation des personnes, les andorrans firent placer la garde civile espagnole à mi-pente de la soulane, près d’un troupeau de l’Hospitalet. Ce dernier ayant été enlevé, les habitants du village parvinrent à le récupérer au prix d’un affrontement sanglant qui vit la mort d’un officier espagnol et un habitant blessé. Le résultat de ceci fut de reconnaître tant du côté français qu’espagnol que la montagne en jeu était bel et bien française.
Quelques années plus tard, les Andorrans soumis malgré eux à cet arbitrage, s’emparèrent de quelques bestiaux de Mérens puis les rendirent. Mérens ne s’en laissa pas compter et soumit l’affaire à la « Table de Marbre » de Toulouse, juridiction chargée des questions relatives aux Eaux et Forêts qui leur donna raison.
L’affaire se porta alors devant le conseil du Roi puis fut renvoyée devant l’intendant du Roussillon pour y être jugée en dernier ressort. Car les andorrans contestèrent la validité du premier jugement en argumentant que seuls les juges commis par le Roi de France ou de l’Evêque d’Urgell avaient compétence pour les affaires andorranes.
En attendant le jugement, on interdit aux mérengois d’envoyer des bestiaux sur la Soulane. Ce verdict n’ayant été rendu que trois ans plus tard, on peut aisément imaginer les rancœurs accumulées par les ariégeois.

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Il faut rajouter qu’outre cette mesure favorable aux andorrans, l’affaire de la Soulane avait été réunie à deux autres affaires qui n’avaient que peu de rapport avec elle. D’une part, un différent entre les habitants de Mérens et ceux de la vallée voisine du Carol sur les droits d’usage sur une partie de la montagne du Puymorens et d’autre part un litige sur la perception de droits sur du minerai de fer extrait de la mine de fer du Puymorens que les carolans revendiquaient. Elles firent toutes les trois l’objet d’un seul jugement, constituant en définitive une délimitation des frontières défavorable à Mérens.
Le tribunal avait fondé son jugement sur celui de 1304. Mais les deux divergeaient sur un point : la première sentence fixant la frontière au ruisseau de Palmerols (censé constituer une des sources de l’Ariège) et la seconde au ruisseau de la Palomera (à l’entrée de la Soulane). La Soulane est devenue andorrane…
La suite du 18ème siècle ne sera qu’une suite de contestations de la part des mérengois pour modifier le jugement de 1729, en vain. On a laissé entendre que la commission chargée du jugement avait un penchant pour l’Andorre. Faut-il rappeler que le Roussillon n’était français que depuis une soixantaine d’années et que finalement ce n’étaient que des catalans et des ariégeois qui s’opposaient. L’affaire semblait si éloignée des préoccupations de la royauté française…
En 1785, un bail mettant un terme au conflit fut signé entre les deux parties stipulant que les andorrans acceptaient de louer la Soulane aux ariégeois tout en renonçant eux-mêmes à y envoyer des bestiaux.
Les périodes troublées de la Révolution et de l’Empire en France et la fin des relations officielles avec l’Andorre, stoppèrent la trêve amorcée. Pendant ce temps, Mérens et l’Hospitalet continuèrent à occuper la Soulane sans naturellement payer de loyer.
La reprise des conflits ne pouvait que se réamorcer lors du retour de la paix. Une nouvelle période troublée va donc démarrer jusqu’à la fin du 19ème siècle.
Et les andorrans qui ne recevaient plus de loyer, remirent des bêtes sur la Soulane… Un des plus violent affrontement se passa en juillet 1819. Le Conseil des Vallées d’Andorre nous relate les faits : « Au début de l’après-midi (11 juillet), plus de cent individus de Mérens et de l’Hospitalet ayant à leur tête Jérôme Astrié, Maire de L’Hospitalet, et armés de toutes les manières, fondirent sur la vallée d’Andorre, pénétrèrent jusqu’au village de Soldeu, le dépassèrent et arrivés à une maison isolée appelée la Costa, se répandirent dans les environs et enlevèrent tous les bestiaux qu’ils trouvèrent, ils n’épargnèrent pas même ceux qui étaient restés dans les granges, écuries et maisons d’habitation. Ils enlevèrent ainsi plus de 2000 bêtes à laine environ 150 juments et poulains, autant de bêtes à grosses cornes et plus de 60 cochons. Toutes les maisons sur leur passage, en allant et revenant furent pénétrées et pillées ; les personnes ne furent pas plus respectées que les propriètés ; les menaces les plus violentes se joignirent aux excès commis par certains. Le respectable curé de Soldeu, après avoir vu sa maison pillée de toutes choses, fut menacé d’être mis à mort par les attroupés dont l’un lui tenait son sabre nu au col » (AD.09 1Z63). Mais les ariégeois ne faisaient là que réagir à l’enlèvement de leurs bestiaux par les andorrans. Il faut dire que les conflits avaient souvent pour cause, un enlèvement du troupeau ariégeois par les andorrans pour non paiement du loyer ou pour pacage en dehors des limites de la Soulane.
Les incidents se succèdent malgré les tentatives d’apaisement du Préfet. Et lorsque les andorrans en 1829, remettent l’affaire sur le plan juridique pour non paiement de loyer ; provoquant une levée de bouclier côté ariégeois, le Préfet de l’Ariège s’interposa pour obtenir un accord à amiable.
La Soulane reste aux Andorrans mais ces derniers consentent à la louer aux Ariégeois pendant 18 ans au prix de 450 F par an. Quelques incidents sporadiques éclatent de temps à autre mais la trêve est à peu respectée…
La dernière bataille rangée aura lieu en juin 1839 : « dans la nuit du 10 au 11 juin, des bergers français gardant leur troupeau sur une des montagnes d’Andorre…ont été surpris et attaqués par plusieurs individus, cernés dans leur cabane, on les a sommé de partir pour être conduits loin de France et signalant le maire et onze habitants du village d’Encamp, comme les agresseurs…les deux hommes retenus en Andorre sont du village de Mérens…(rapport journalier, 13ème Régiment d’infanterie de ligne) « …je viens aujourd’hui vous faire connaître le résultat de cette affaire. Le 4 ou le 5 juin de ce mois les vachers de Mérens laissèrent aller une partie de leur vacherie au terrain d’Andorre nommé le bac de la Cafe où se trouvait un Andorran qui gardait une troupe de juments qui repoussa la vacherie dans son territoire. Les vachers mécontents de cela vinrent le trouver et eurent quelques discussions. Les Andorrans défendent qu’ils le battirent et les vachers que non. Comme il n’y avait pas de témoin, on ne sait rien de positif. Le gardien de juments s’en alla trouver son maître qui est le maire d’Encamp pour se plaindre de ce qu’on lui avait fait ». (lettre du maire de l’Hospitalet au Préfet, 17 juin 1839)
« Le bail de la Soulane fut renouvelé en 1855 pour 18 ans, mais le loyer était porté à 1000 francs et les Andorrans obtenaient un avantage le quinzième jour de septembre de chaque année, les communes de Canillo et d’Encamp pourraient entrer avec leurs propres bétail à laine sur le terrain affermé » .
Mérens et l’Hospitalet ont donc finalement renoncé à la propriété sur la Soulane, mais elles auraient souhaité qu’on l’acheta aux Andorrans. Elles trouveront des prétextes à toutes les occasions, d’affaires criminelles aux Eaux et Forêts lors de la promulgation en 1882 de la loi sur la restauration des terrains en montagne. La dernière requête concernant la propriété de la Soulane semble avoir été faite en 1899. D’après Chevalier, nulle part la possession où l’usage des pâturages n’a été aussi disputée…

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Discussion entre Maires

De nos jour la Soulane est louée aux comunes d’Encamp et Canillo par les éleveurs Mérengois. Le paiement de cette location s’éffectue tous les ans à la fin de l’année à cette occasion chaque commune andorrane invite une année sur deux la délégation Mérengoise à un repas ce qui permet des échanges entre agriculteurs merenguois et andorrans.

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repas soulane 2007
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repas soulane 2010

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